Généralités sur l'art du feu

Faire du feu est un truc vieux comme le monde. Mais avant de commencer à vous expliquer comment le faire, quelques recommandations :

Tout les feux ne correspondent pas à toute les situations. Il y a plusieurs façons de faire, de l'alimenter, de le structurer, de le sécuriser, et toutes ne sont pas utiles tout le temps.

Avant tout, il convient de rappeler que selon les régions des arrêtés sont prononcés qui interdisent de faire du feu, généralement entre le 1er avril et le 30 octobre.
Ce pour une raison simple : le feu brule tout ce qu'il peut. Quelque part, il faut le voir comme un mourant qui se raccrochera de toutes les façons possibles à la vie.

Donc la première chose à laquelle penser, est comment le contrôler.
Ne faites jamais de feu sur des feuilles mortes, et en les déplaçant, veillez au sens du vent, que votre tas de feuilles n'atterrisse pas dans le feu (idem pour tout matériau sec, ou inflammable), faites attention à la hauteur potentielle des flammes, détail important (on se sent con quand on oublie).

Ensuite, il faut penser à réunir les combustibles, sans quoi il ne vivra jamais, ni ne survivra. Faites-le avant de faire votre feu, parce que si vous êtes mal organisé, vous passerez votre temps à courir à droite à gauche en catastrophe pour trouver de quoi l'alimenter.

D'abord, l'allume-feu. Mon préféré c'est la fougère, qui brûle vite, est rarement mouillée à coeur, rempli les forêts. Pratique, rapide à ramasser, à structurer... On y reviendra. Basiquement, c'est dessus que votre feu prend vie. Le plus sec possible, le plus aéré possible, comme pour tout les combustibles. Dans le domaine, papier, pomme de pin, carton, fougère conviennent bien, et la liste est longue.
Je ne conseille pas les matières plastiques, qui fonctionnent très bien en dernier recours, mais le dégagement de fumée toxique m'incite pas à cuisiner dessus.


Ensuite, le premier bois, c'est à dire des branchages, fines, sèches si possible. Le feu vivra plus longtemps dessus, tout en ayant moins de chaleur à dégager pour les faire prendre que sur du gros bois.
Le second correspond a des branches de l'épaisseur d'un pouce, ou de deux doigts.
Le troisième peut faire jusqu'à trois doigts, voire un poignet
Ensuite on passe aux bûches.

A chaque fois, on aliment le feu par le dessus, avec à chaque fois le risque de l'étouffer.

En construisant votre foyer, faites attention aux proportions : trop d'allume-feu, votre feu s'éteindra rapidement, sans forcément réellement faire prendre le bois, trop de bois, le feu ne prendra pas, et se contentera de couver lentement, avec le risque de prendre très vite d'un coup et de bruler trop rapidement si ce bois n'est que d'un calibre. (La quantité de chaleur augmentant expentionnellement, au contraire de la résistance au feu du bois)

C'est que les flammes fonctionnent sur le principe de la pompe à gaz : le feu consomme de l'oxygène, qu'il pompe à la base, et produit du CO2, rejeté par le haut. S'il n'y a plus de possibilité de mouvement en bas ou en haut, le feu s'étouffe, et meurt. C'est ce qui lui arrive quand on verse de l'eau dessus : déjà les flammes perdent de l'énergie à tenter de l'évaporer, mais en plus l'eau en s'infiltrant dans chaque interstice, les bouche. Tant qu'elle n'est pas évaporée.

L'importance d'avoir du bois sec, c'est que les vaisseaux de la plante sont devenus creux, et laissent passer l'oxygène, tandis que le bois humide (ou vert) doit voir l'eau (ou la sève) encore présente être évaporée. Ce qui est difficile, vu qu'elle est contenue. L'eau bout bel et bien, et par jeu de pression finit par s'extraire du bois, tombe dans le feu... Mais le bois finit par sécher, et devient consommable par le feu.
Je ne voit pas d'autre façon de faire du feu avec du bois humide, que de le sécher au feu. Ca demandera alors plus d'allume-feu, plus de temps, plus de tout en fait, mais ça se fait.
Pour info, une branche de bouleau morte et humide à coeur de l'épaisseur d'un poignet met environ une heure sur un foyer de 15 cm de diamètre pour commencer à s'enflammer. En attendant le feu chauffe quand même, puisque les fougères brûlent. Mais je reste convaincu qu'il vaut mieux avoir un allume-feu sec pour tenir la première flamme.
Inversement, faites attention à ne pas mettre des matériaux trop secs et friables... comme des feuilles d'arbres. Ca paraît une bonne idée, mais au final elles bruleront très vite, trop pour faire prendre du bois, et produiront tellement de cendres tellement vite  que le feu en sera étouffé.


Autre chose, très importante, est qu'un feu brule même sans flamme. Lorsque tout votre bois est consumé, il reste son charbon, ardent. D'une part c'est pratique pour cuire quelque chose, de l'autre, c'est un gros risque que de laisser ça sans surveillance ni protection. Les braises volent TRES bien. Beaucoup mieux que les buches, en fait.
D'ailleurs, s'il vous reste du bois sec, vous pouvez le reposer sur ces braises, en attisant un peu au souffle, les flammes repartiront.
Aussi, un feu s'éteint par le temps, par manque de combustible, ou par étouffement, à l'eau, au sable, à la terre... Ne mettez pas un coup de pied dans vos braises... ou alors, vertical. Mais en aucun cas ne faites la bêtise de l'étaler, ce qui le raviverais en remontant des braises en surface, là où l'oxygène est courant, ou de retirer un tison du feu (si si, yen a qui font ça) pour affamer votre feu... Puisqu'il sera très certainement en partie en combustion. Donc susceptible d'enflammer autre chose.

A savoir aussi : un feu chauffe de deux façons : le rayonnement direct, le déplacement d'air chaud. Le premier se fait dans toutes les directions, et est lié a la mécanique des photons (dans le principe, faut demander à Mr e-penser pour des infos plus fiables), l'autre tient de la mécanique des fluides : l'air chaud est plus léger que l'air froid, et le vent déplace l'air, ou est un déplacement d'air.
On peut donc procéder de deux façons pour diriger la chaleur d'un feu : diriger l'air, ou diriger le rayonnement.

La dernière chose, c'est qu'un feu se dissimule de deux façons : occulter la lumière (facile) et disperser la fumée le plus proche possible du feu et en fonction du vent. (une plaque de tôle marche bien, ou une pierre, n'importe) Ce qui ne la fera pas disparaître, mais au moins monter moins haut, et moins compacte.


Pour résumer, faire un feu, c'est faire naître et s'occuper d'un mourant vorace, avide.
Ca demande de l'organisation, de la patience, de la prudence, de la douceur assurée et de la prévision.